3 Juillet 2008 : Bleus, Domenech : on prend le même et on recommence... autrement !

Le verdict tant attendu depuis l’élimination de l’équipe de France au premier tour de l’Euro est finalement tombé. Le Conseil Fédéral de la Fédération Française de Football a choisi de renouveler sa confiance à Raymond Domenech.

Malgré le fiasco austro-suisse, Jean-Pierre Escalettes a donc décidé de ne rien changer. Sous contrat jusqu’en 2010, le sélectionneur national se voit ainsi accordé un sursis. Dans l’optique de la préparation à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, les instances du football français ont jugé préférable de ne pas chambouler le groupe France.

Les raisons du maintien

« L’objectif principal assigné à Raymond Domenech dans son contrat de travail est la qualification pour la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud et la préparation de celle-ci. Le démarrage des qualifications dès le 6 septembre prochain justifie une continuité dans la gestion de la sélection », précise un communiqué publié sur le site de la FFF.

Par ailleurs, il a tenu à préciser que les questions financières n’ont aucunement guidé son choix. « Contrairement à ce qui a pu être dit ou écrit, le contrat de travail de Raymond Domenech comporte des dispositions permettant à la Fédération de mettre fin à sa mission de Sélectionneur national, en cas de résultats insuffisants, dans des conditions financières maîtrisées ».

Ces considérations balayées, le président Escalettes a indiqué que les responsabilités de l’échec étaient partagées. Si les contre-performances sportives incombent en premier lieu à l’entraîneur français, la piètre image de l’équipe de France donnée hors du terrain (due à une politique de communication assez floue) est également du ressort de la FFF. Enfin, il a tenu à mettre en avant le bilan sportif plutôt positif des quatre dernières années pour justifier le maintien de Domenech.

« Le résultat décevant de l’Euro 2008 est à mettre en regard des réussites du sélectionneur national depuis sa prise de fonction en 2004 : la qualification successive à deux phases finales de compétition internationale ; l’accession à la Finale de la Coupe du Monde 2006 ; l’intégration progressive d’une nouvelle génération de joueurs au sein de la sélection nationale ; des statistiques globales sur quatre ans qui ne sont pas en sa défaveur ».

Si elle va à l’encontre de l’opinion publique et médiatique, la confirmation de Raymond Domenech à son poste a été recommandée par le Président de l’UEFA Michel Platini et par le Directeur Technique National Gérard Houllier. Deux conseillers de poids dans la pyramide de l’organisation du football français.

Les changements attendus

Raymond Domenech a beau rester en place, le mode de fonctionnement de l’équipe de France sera complètement bouleversé. Sa zone d’influence se limitera au domaine sportif. Toutes les autres fonctions liées aux Bleus seront prises en charge par le Club France 2010. Ce dernier se réunira régulièrement pour définir « la politique, les objectifs et les conditions générales de fonctionnement de l’équipe de France ». Il sera notamment représenté par un « Secrétaire général des sélections nationales ».

D’autre part, le Conseil Fédéral a pris un ensemble de mesures visant à revoir en profondeur la politique de communication des Bleus, pointée du doigt durant l’Euro. Raymond Domenech sera donc chapeauté par la direction de la communication de la FFF pour «  lui imposer de mesurer en permanence la portée de ces propos et l’investir d’une responsabilité particulière ».

Le comportement du sélectionneur ne sera pas le seul à être surveillé. En effet, les joueurs devront également se montrer irréprochables. Ceux-ci auront pour objectifs de « réconcilier l’équipe de France avec son public » mais aussi de respecter « les obligations qui leurs incombent dans leurs relations avec les médias et le public pendant les rassemblements et les compétitions ».

Enfin, Raymond Domenech travaillera en collaboration avec le DTN Gérard Houllier dans la gestion sportive. Ce dernier l’épaulera dans la composition de son staff technique et dans les orientations stratégiques à prendre grâce à « son expérience et sa capacité de conseil ».

La bonne solution ?

Le choix de Jean-Pierre Escalettes et du Conseil Fédéral fait déjà couler beaucoup d’encre. Plusieurs questions se posent. À quelques semaines du début des éliminatoires de la Coupe du monde 2010, la décision de ne pas bouleverser l’encadrement des Bleus est compréhensible. Même si la refonte annoncée du système de fonctionnement des Bleus reste un énorme désaveu envers Raymond Domenech...

Il se murmure d’ailleurs que l’intéressé et ses résultats seront mis à l’épreuve jusqu’au mois d’octobre. Néanmoins, la réussite d’un sélectionneur dépend de paramètres souvent indépendants de sa volonté comme l’état de forme et le talent des joueurs à un instant T. Luis Aragones et l’Espagne, huitièmes de finaliste à la Coupe du monde 2006 et vainqueurs de l’Euro en 2008, en sont le parfait exemple.

Habitué à avoir « les pleins pouvoirs » depuis quatre ans, le coach tricolore parviendra-t-il à rester dans le cadre que lui impose désormais la FFF ? Ces mesures s’accompagneront-elles d’une amélioration profonde du jeu et des résultats de l’équipe de France ? Ne s’est-il pas coupé de son groupe et de ses supporters durant l’Euro ? Est-il le mieux placé pour reconstruire le groupe France ? Le doute reste entier

Cette décision constitue également un sacré coup dur pour les champions du monde 1998 qui appelaient de leurs vœux la nomination de Didier Deschamps. Leur lobbying n’aura finalement pas eu les effets escomptés.

La confirmation de Raymond Domenech à la tête de l’équipe de France ressemble fort à un consensus mou. Ses premières sorties seront très surveillées et donneront le ton de son nouveau mandat. Les dirigeants du football français ont-ils fait les bons choix ? Seul l’avenir nous le dira...