18 Avril 2009 : Des nouvelles de... Jose Luis Chilavert

Jose Luis Chilavert a achevé sa carrière professionnelle en 2004. A la fois génial et sulfureux, le gardien paraguayen a connu un parcours qui n’a sans doute jamais été à la hauteur de son immense talent. Considéré un temps comme le meilleur gardien du monde, il aura marqué les esprits en grande partie pour le nombre incroyable de buts qu’il a marqués, en dépit de son poste.

Soixante-deux. Ce chiffre ahurissant pourrait donner envie à bon nombre de joueurs de champ. Mais c’est bien à 62 reprises que Chilavert a fait trembler les filets adverses tout au long de sa carrière. Véritable machine à transformer les pénaltys, il s’est révélé également un redoutable artilleur dans l’art du coup-franc. Il restera sans doute le seul portier de l’histoire à avoir inscrit un triplé en match officiel. Et il s’est même permis le luxe de scorer huit fois en équipe nationale, dont quatre lors des seuls éliminatoires pour la Coupe du Monde 2002. A ce jour, seul le Brésilien Rogerio Céni peut se targuer d’avoir inscrit plus de buts en évoluant au poste de gardien.

Le meilleur gardien du monde

Chilavert a fait ses débuts professionnels au Paraguay à l’âge de 15 ans, avec le Sportivo Luqueno. Rapidement, le puissant portier gravit les échelons. D’abord l’Argentine, avec San Lorenzo, et puis l’Europe, avec le Real Saragosse. A 26 ans, il retourne en Argentine, du côté de Velez. C’est avec ce club, dans lequel il restera 9 saisons, qu’il obtiendra ses principales lettres de noblesse. Le bonhomme enchaîne ainsi les buts, les titres (trois championnats, une Copa Libertadores, une Coupe intercontinentale), et les prestations de génie. A trois reprises notamment, 1995, 1996, 1998, la Fifa le consacre meilleur gardien de l’année. A lui tout seul, il a failli faire vaciller la France l’année de son sacre mondial. C’est ainsi que le but en or de Laurent Blanc en huitième de finale est venu délivrer tout un peuple qui voyait mal comment battre ce phénomène dans une séance de tirs au but.

Le Paraguayen avait tout. Très agile malgré son grand gabarit, explosif, puissant et buteur. Mais son caractère bien trempé, voire orgueilleux, explique certainement la tournure étrange de sa carrière. Peu enclin à tolérer les critiques, il s’est brouillé à de nombreuses avec ses adversaires, partenaires ou entraîneurs. C’est ainsi qu’il s’exile à Strasbourg en 2000 pour échapper à ses différents démêlés avec la justice. L’aventure française marque le véritable déclin de sa carrière. A court de forme et bien trop lourd, il sera limogé par les dirigeants après deux saisons. Et il met finalement un terme à sa très longue carrière en 2004, après des retours ratés en Argentine et au Paraguay.

Une retraite à l’image de sa carrière

Depuis sa retraite, Chilavert a pris quelques années sabbatiques, en continuant à se faire marquer par des déclarations toujours polémiques. Lui qui rêve de devenir président de la République n’hésite ainsi pas à donner son avis sur tout. « Il y a des très bons professeurs dans notre pays. Je pense que le système éducatif paraguayen est largement supérieur au bolivien et au vénézuélien. Hugo Chavez et Evo Morales ne doivent pas se mêler de nos affaires. Si le président bolivien vient parler d’éducation, c’est que le monde va vraiment mal, surtout pour un type qui n’a même pas terminé l’école primaire », déclarait-il en janvier dans la presse paraguayenne. Et sur le football également, l’ancien portier a toujours quelque chose à dire. « Ce n’est pas facile pour un ancien drogué de diriger une équipe aussi forte que celle d’Argentine. Il y a beaucoup de grands noms mais cela ne suffit pas à gagner. Il ne suffit pas de crier et de gesticuler sur le bord du terrain, il faut aussi beaucoup de travail », a-t-il lâché en évoquant Maradona, à la télévision sur Unicanal.

Sa retraite est ainsi à l’image de sa carrière. Très explosive. Mais Chilavert devrait très bientôt reprendre du service. Selon El Universal, le bouillonnant paraguayen est pressenti pour prendre la tête d’un club de première division de son pays, l’Atletico 3 de Febrero. Il est vrai que le rôle de leader lui va comme un gant.