1 Janvier 2009 : L'emblématique Boca Junior impose sa loi en Argentine !

De notre correspondant à Buenos Aires, Pedro Lima

Un champion en titre, River, qui finit bon dernier du championnat, et un Boca qui rafle la mise in-extremis : le cru 2008 du championnat argentin a été riche en émotions de toutes sortes. Et en révélations de nouveaux talents, toujours prêts à tenter l’aventure européenne.

Mardi 23 décembre, 22h30, stade Juan Domingo Peròn, aussi appelé le “Cilindro”, à Avellaneda en banlieue de Buenos Aires. Dans son dernier match de barrage pour l’attribution du titre de l’Apertura 08, jusque là bien contrôlé avec une victoire 3-1 sur San Lorenzo, et un 0-0 confortable contre le petit poucet Tigre, Boca encaisse un but casquette, et va devoir souffrir quinze longues minutes… 22h45, l’arbitre siffle la fin du match, et libère tout le peuple de Boca. Au terme de ce mini tournoi haletant avec San Lorenzo et Tigre (une première depuis 1968 en Argentine), les “Xeneises” s’adjugent leur 23ème titre de champion… Un final riche en émotion, à l’image de la saison vécue par Boca, et au delà, par un foot argentin toujours en perpétuelle ébullition. Avec, par exemple, une violence omniprésente, sur les terrains et en dehors… Toutes catégories confondues, cinq hinchas, ou supporters, sont ainsi décédés cette année, victimes de rixes entre factions rivales, ou de luttes intestines à l’intérieur des bandes organisées, appelées barras bravas. Autre point noir, les soupçons de corruption lors de la dernière journée, décisive, du championnat, relayés par des médias omniprésents et des joueurs laissant planer le doute sur leurs intentions.

Pour Boca, l’année 2008 restera à jamais dans les mémoires. Au rayon trophées, tout d’abord, puisque le titre de champion et la Recopa (Supercoupe d’Amérique du sud) remportées en août, sont venus garnir un palmarès exceptionnel, enrichi d’au moins une ligne supplémentaire chaque année depuis 2003… Difficile de faire mieux. Un succès que les malheurs de River ont rendu plus d’autant plus savoureux, le grand rival terminant bon dernier après avoir été champion lors du tournoi précédent… Entraînant dans sa chute l’étoile montante Buonanotte, champion olympique en sélection en août, remplaçant à River en décembre.

Pourtant, la saison de Boca a également été marquée par les coups durs, avec le décès du président Pedro Pompilio, et les blessures des deux attaquants vedettes, Palermo et Palacio. Des blessures qui ont pourtant été mises à profit par le sorcier de Boca, Carlos Ischia, entraîneur respecté des joueurs et du public, pour lancer dans le bain des talents qui ont eu pour nom Viatri, Mouche, Chavez ou Noir… Ces “pibes”, comme les appellent affectueusement les supporters, ont inscrit 18 buts durant la saison, rendant des services indispensables à l’équipe dans la lutte pour le titre. Lors du match de “desempate”, ou barrage, contre San Lorenzo, ce sont ainsi le jeune Chavez, âgé de 22 ans et qui vit un vrai conte de fées après avoir grandi dans les faubourgs misérables de la province de Buenos Aires, et Viatri, qui ont assuré le succès de Boca. Ce dernier Viatri ayant inscrit huit buts durant le tournoi, en ne jouant que six matches, excusez du peu. Ischia a su aussi surmonter ses propres réticences, en acceptant l’arrivée en prêt, depuis le Genoa, du revenant Luciano Figueroa, ex-Rosario Central et River, un temps promis au poste d’avant-centre de la sélection avant de connaître des blessures à répétition… Une confiance récompensée, puisque c’est cet attaquant au crâne rasé qui a propulsé, avec ses deux buts contre Colon lors de la dernière journée, son équipe vers le tournoi final. Avec d’autres, comme le monumental Battaglia, et le toujours affuté Riquelme, Figueroa aura ainsi contribué à une année 2008 inoubliable pour Boca…

Sans oublier, cerise sur le gâteau, le retour, au poste de manager général, de Carlos Bianchi, entraîneur de tous les succès de Boca.