20 Février 2009 : Entretien avec... Habib Beye : « l'OM, c'est un club qui marque »

Son départ de l’Olympique de Marseille en la fin du mercato estival 2007 en avait surpris plus d’un. Aujourd’hui, Habib Beye ne regrette pas d’avoir quitté la Canebière pour rejoindre Newcastle. Parti découvrir un autre football, le Sénégalais s’éclate en Premier League même si les Magpies ne jouent pas vraiment le haut de l’affiche. Blessé depuis le 26 décembre dernier, l’ancien Marseillais devrait retrouver les terrains d’ici quelques semaines. Mais avant, il a pris le temps de faire pour FootMercato le point sur sa situation.



FootMercato : Tout d’abord où en êtes-vous avec votre blessure ?

Habib Beye : Au départ je devais en avoir pour quatre mois, mais finalement je pense pouvoir revenir avec un mois d’avance. Normalement, les médecins voulaient m’opérer parce qu’il y avait une rupture totale des ligaments entre le tibia et le péroné. Je suis allé consulter à Amsterdam, à Londres et en France. Deux avis étaient pour une intervention, et un contre. J’ai donc décidé de ne pas me faire opérer. Je me suis dit que si je respectais les consignes des médecins à la lettre, il n’y aurait aucun problème.

FM : Vous vous êtes blessé lors du fameux Boxing Day qui se trouve en pleine succession de matches, pensez-vous que ces rencontres à répétition aient joué un rôle dans votre blessure ?

HB : Vous savez, il arrive même que l’on joue toutes les 48 heures. Mais c’est un fait isolé qui n’arrive qu’une ou deux fois dans la saison. Ça ne me gêne pas de jouer tous les trois jours ou bien lors des fêtes de fin d’année. Quand on joue en France, la trêve hivernale dure 7 ou 10 jours maximum. Donc quand vous rentrez de vacances, il faut refaire une mini préparation physique afin de remettre l’équipe en route. Généralement, ça peut casser la bonne dynamique d’une formation qui a fait une bonne première partie de saison. C’est déjà arrivé avec Marseille. Après au niveau de ma blessure, elle n’est pas due à la répétition des matchs, mais à un tacle assez dur. En France, le joueur aurait pris un rouge alors qu’ici, il n’a reçu qu’un jaune.



La Premier League, un vrai plaisir

FM : Justement, comment s’est passée votre adaptation en Angleterre ?

HB : Je n’ai eu aucun problème. Ma première saison s’est super bien passée. J’ai été élu joueur de l’année à Newcastle. Au niveau du jeu, c’est quelque chose qui me plait. Il y a de l’engagement, il n’y a pas de calcul. Ce qui me fait dire ça, c’est que par rapport à la France, à part le OM-PSG où ça s’est fini par un 4-2, quand je vois un Lyon-Marseille (0-0), les deux équipes se regardent et ne prennent pas de risques. Si on prend un Arsenal-Tottenham, ça peut faire un 4-4, ou un MU-Chelsea avec 3-0. Personnellement, je trouve que le niveau de jeu en Angleterre est beaucoup plus élevé. Après c’est sûr que le problème existant est ce fossé qu’il y a entre le Big Four et les autres, même si cette année Aston Villa vient semer le doute.

FM : En Premier League, les défenses sont souvent décrites comme des passoires, est-ce plus intéressant pour un défenseur d’aller là-bas alors que la Ligue 1 fait l’apologie de la défense ?

HB : Oui bien sûr ! J’ai pris énormément de plaisir à jouer à l’OM parce que c’est mon club, maintenant le championnat anglais c’est plus intéressant à voir. En Angleterre, bien sûr que vous avez des matches ennuyeux où ça ne fait que taper devant ou bien de charger, mais pour avoir joué des matches au sommet en Ligue 1, je trouve que ça manque d’intensité. En Premier League c’est du football total. Ça peut être un inconvénient, car cela entraîne plus de blessures, mais c’est ça qui fait le charme du football anglais.

FM : Qu’est-ce qui vous a séduit à Newcastle, un club pourtant jugé comme instable ?

HB : Newcastle, il n’y a pas si longtemps que ça, c’était un club qui finissait troisième ou quatrième de Premier League. Aujourd’hui, ils ont énormément de moyens. C’est le cinquième budget anglais derrière le Big Four, c’est la cinquième masse salariale du championnat. Malheureusement, ils n’ont pas réussi à se stabiliser lors des trois dernières années. Beaucoup d’entraîneurs se sont succédés, le club a été vendu puis racheté à nouveau. On a bien commencé la saison avant que les dirigeants se séparent de Sam Allardyce. Ensuite Kevin Keegan a mis du temps a remettre l’équipe en place. Le début de saison était plutôt bon, mais là encore le coach est parti donc on a de nouveau connu des problèmes. Le souci c’est qu’on travaille dans une ambiance difficile. Ça navigue dans le brouillard. Et c’est ce manque de stabilité qui empêche de pouvoir garder des joueurs comme Owen qui est en fin de contrat et qui va certainement partir. Vous avez aussi Shay Given qui a été vendu (à Manchester City, NDLR). Pareil pour Charles N’Zogbia qui était l’avenir du club. Newcastle ne peut pas s’inscrire dans les six premiers du championnat. Ça, c’est clair.

FM : Ça ne vous a pas freiné pour signer là-bas ?

HB : Quand j’ai rejoint Newcastle, je ne connaissais pas le club de l’intérieur. Sam Allardyce était en train de construire son groupe, mais les résultats ont fait qu’il a été limogé. Keegan a fait la même chose et ainsi de suite.



« Financièrement, c’est dur de rivaliser en France »

FM : Du coup, est-ce que vous vous projetez sur le long terme à Newcastle ?

HB : J’ai joué pendant quatre ans à Marseille, l’un des meilleurs clubs en France, après j’ai rejoint Newcastle parce que j’ai eu l’opportunité de jouer dans un grand club anglais même si les résultats ne le montrent pas toujours. Après financièrement, je ne vais pas le cacher, c’est dur de rivaliser en France. On verra ce qu’il se présente à la fin de saison. Il me restera un an de contrat. Pour le moment je me sens bien où je suis même si ça ne se passe pas comme je voudrais.

FM : Pouvez-vous nous en dire plus sur ce qu’il s’est passé avec Charles N’Zogbia ?

HB : Il a exprimé un sentiment de départ. Il a eu quelques problèmes avec le coach. C’est dommageable pour Newcastle parce que c’est un des meilleurs joueurs français. Après pour parler de l’intérêt des clubs français, le problème c’est que même pour les formations tricolores les plus solides financièrement, c’est très dur de rivaliser avec l’Angleterre. C’est pour ça que ça devient compliqué pour les clubs français de venir chercher des joueurs ici.



« J’ai entendu que Drogba pourrait peut-être revenir à l’OM »

FM : Donc pour vous un retour en France n’est pas d’actualité ?

HB : Pour être franc, si demain je devais revenir en France, je ne pense pas aujourd’hui qu’un club de L1 soit prêt et ait envie d’assumer mon salaire. Ils pourraient, mais sur le plan de la raison, ce n’est pas possible.

FM : Petit flashback, expliquez-nous votre départ de l’OM.

HB : Concrètement j’ai eu des soucis durant les dernières semaines du mercato avec l’OM. Cela concernait ma renégociation de salaire, mais aussi des petits problèmes avec Albert Emon, mais rien de méchant. Nous n’avons pas pu trouver un accord Pape (Diouf) et moi, j’ai donc dit que pour le bien du club vu qu’il me restait un an de contrat soit j’allais jusqu’au bout, soit je partais. Dans un premier temps, j’avais trouvé une porte de sortie, mais Pape n’était pas d’accord pour que je parte. Mais garder un joueur contre son gré ce n’est jamais bon. Je ne voulais pas entamer ma cinquième année à Marseille avec des problèmes en tête et partir fâché avec les gens. Je pense avoir laissé un bon souvenir aux supporters. L’OM, c’est un club qui marque. C’est compliqué de partir de là-bas. Cela a été très compliqué pour moi de quitter Marseille. C’est vrai qu’après, pas mal de personnes n’ont pas compris parce que ça s’est fait rapidement. Après voilà c’est le football. J’ai entendu que Didier Drogba pourrait peut-être revenir à l’OM donc dans la vie on ne sait jamais tout peut arriver. Bon c’est vrai que pour que cela se fasse, l’unique solution c’est qu’il accepte de réduire son salaire parce qu’à l’heure actuelle c’est irréalisable.