6 Juillet 2008 : Entretien avec... Laurent Robert : « Si Paris a besoin de moi, je suis sur le marché »

À 33 ans, Laurent Robert entame un nouveau tournant dans sa carrière. Exit l’Europe, welcome to Canada. Après deux ans passés à bourlinguer de club en club en passant par Portsmouth, Benfica, Levante et Derby County, l’ancien Montpelliérain a posé ses valises en MLS au Toronto FC où il a signé pour quatre ans. Pour ses débuts outre-Atlantique, le Réunionnais est plutôt en réussite et collectionne les passes décisives grâce à sa fameuse patte gauche. Mais comme le dit le proverbe « loin des yeux, loin du coeur », Laurent Robert ne souhaite aujourd’hui qu’une chose : qu’on lui donne sa chance de revenir en France. Pour FootMercato, il revient sur sa situation actuelle et ses projets. Entretien.



FootMercato : Après de brefs passages à Benfica, Levante et Derby County, pourquoi avoir choisi d’aller en MLS ?

Laurent Robert : Tout d’abord, c’est une belle expérience et puis je suis venu au Canada parce que l’équipe dirigeante me voulait. J’ai travaillé avec l’entraîneur pendant quatre ans à Newcastle. Et puis j’avais envie de ne plus me prendre la tête et de m’amuser sur un terrain de foot. Mais je n’ai pas perdu l’envie de gagner.



La MLS, une Ligue 2 française

FM : Justement, en France et en Europe la MLS n’est généralement connue qu’à travers l’impact médiatique de David Beckham. Pouvez-vous nous éclairer sur ce championnat et nous dire ce qui le différencie des ligues européennes ?

LR : C’est un championnat qui est moins rapide. C’est pour ça que les équipes font appels aux Européens pour apporter toute leur expérience et leur savoir-faire au niveau du jeu. Mais c’est vrai qu’il y a un gros décalage au niveau de la vitesse du jeu. Sur le plan technique, la présence de nombreux « latinos » fait que ça joue au ballon même si beaucoup d’entre eux ne sont pas connus. En fait, ils sont majoritaires, car on ne trouve pas beaucoup d’Américains.

FM : Quel serait le championnat européen équivalent à la MLS ?

LR : On va dire la Ligue 2 française.



«  Je voulais rentrer à Paris, mais ils m’ont refusé  »

FM : Après votre courte expérience à Derby County, vous êtes donc parti en MLS, mais aviez-vous d’autres contacts notamment en France ?

LR : C’est vrai que je voulais faire un come-back en France. Personne... (Il se reprend) je voulais rentrer à Paris, mais ils m’ont refusé. Mais vu la situation dans laquelle ils étaient, franchement ils auraient peu prendre un joueur au lieu de prendre deux Brésiliens (Everton et Souza, NDLR). On sait que lorsqu’on les recrute à cette période de l’année ils ont du mal à s’adapter. Le pire, c’est que tout le monde le sait. C’est en novembre-décembre que les Brésiliens sont en jambe, ce n’est pas en les faisant venir fin janvier.
Mais bon j’espère que cette expérience les aidera à ne plus se tromper. Paris c’est mon club de coeur. J’ai évolué là-bas durant deux saisons et je pense y avoir fait de bonnes choses. Je voulais revenir parce qu’avec la période qu’ils traversaient....Et puis à chaque fois que je me balade dans Paris, les supporters se souviennent de moi et prennent de mes nouvelles. Mais bon après ce sont les dirigeants qui décident. Mais c’est dommage, car avec la saison qu’ils ont faite, j’aurais aimé leur donner un coup de main.

FM : Vous avez été refusé par Paris en janvier, mais gardez-vous encore espoir pour cet été ?

LR : Je suis prêt. Depuis que je suis arrivé au Canada, j’ai enchaîné les matches, fait plein de passes décisives et au niveau physique je suis bien. Si Paris a besoin de moi, ils savent que je suis sur le marché. Un joueur de MLS peut quitter son club à n’importe quel moment... J’ai vu en plus qu’ils cherchaient à recruter que des anciens apparemment donc voilà je suis libre et s’ils me font une proposition, c’est avec un grand plaisir que je reviendrai au Parc des Princes et créer la surprise.

FM : Et si c’est un autre club que Paris ?

LR : Les deux clubs de mon coeur sont Paris et Montpellier. Donc si Montpellier m’appelle, je serai également très heureux. Ça me plairait beaucoup de revenir en France et de les aider à retrouver la Ligue 1.



EdF : « Pas la même camaraderie qu’en 1998 et en 2000 »

FM : Changeons de sujet et intéressons-nous à l’équipe de France. Que pensez-vous du parcours des Bleus à l’Euro ?

LR : L’équipe de France c’est comme un grand club européen. Si au départ il n’y a pas d’entente dans un groupe, ça ne peut pas aller loin. Après je ne peux pas me permettre de juger, mais vu ce qu’il s’est passé sur le terrain, on ne peut pas dire qu’il y avait la même camaraderie qu’on pouvait voir en 1998 et en 2000.

FM : Personnellement, vous avez connu la joie d’être sélectionné à 9 reprises sous le maillot bleu. Avez-vous des regrets de ne pas avoir pu y goûter plus souvent ?

LR : Avec les saisons et les statistiques que j’avais quand je jouais au PSG et après à Newcastle je pense que je méritais mieux. Lors de ma première année à Newcastle (en 2001, NDLR), je termine meilleur passeur de Premier League avec 15 passes décisives (et 8 buts en 36 matches) et même pas une seule convocation à part lors de la coupe des Confédérations. Il y a des choses qui se passent et qui restent incompréhensibles.