17 Septembre 2009 : Entretien avec... Rio Mavuba : « Retenter ma chance dans un autre championnat »

Âgé de 26 ans, Rio Mavuba totalise déjà près de 185 matches de Ligue 1 et compte six sélections en Équipe de France. Dans un entretien accordé en exclusivité à Footmercato, le capitaine du LOSC se livre sans équivoque sur la situation du LOSC, sur l’Équipe de France et sur sa courte expérience à Villarreal ou il a côtoyé notamment le nouvel entraineur du Real Madrid, Manuel Pellegrini.

FM : Rio, le LOSC a connu un début de saison pour le moins difficile après une saison 2008/09 très prometteuse, comment expliquez-vous cela ?

RM : Le football est ainsi, ce n‘est pas une science exacte. Il fallait une victoire pour nous mettre sur de bons rails, et après celle de samedi soir face à Sochaux, c’est chose faite. Lorsqu’on ne gagne pas, cela crée forcément une mauvaise spirale et il fallait l’emporter pour repartir du bon pied. C’est chose faite.

FM : Quelle différence y a-t-il entre l’équipe de cette saison et celle de l’an passé, hormis le départ de Michel Bastos ?

RM : Justement, il n’y a pas de grande différence entre cette saison et la saison dernière au niveau de l’effectif. Les joueurs-cadres sont les mêmes en ce début de saison, sauf Michel Bastos qui a été remplacé par Gervinho. Le club a su rester dans la continuité et faire confiance aux joueurs qui avaient réussi une bonne saison lors du précédent exercice, tout en faisant venir de bons joueurs afin de compléter le groupe. Nous ne sommes qu’au début de saison et pour le moment, je ne vois pas de différence par rapport à l’année dernière, même au niveau du classement à ce moment de la saison (rires). Il faut prouver sur le terrain à présent.

FM : L’arrivée d’un grand stade à Lille tarde à se concrétiser. Jouer au Stadium Nord de Villeneuve d’Asq n’est-il pas un handicap pour vous ?

RM : Partout en France, des projets sont ouverts concernant des stades plus grands, plus complets, avec des innovations, un toit… Maintenant, tout ceci prend du temps, Rome ne s’est pas construite en un jour. On s’est habitué à jouer au Stadium Nord depuis quelques années maintenant, c’est une question d’habitude et bien qu’il y ait souvent un peu de vent, les conditions sont idéales notamment la pelouse. Ce qui est sur c’est que le club a été l’un des premiers à concrétiser ses projets, à avoir des objectifs forts et intéressants. Il va falloir prendre son mal en patience, mais le résultat final du futur grand stade promet déjà.

FM : En tant qu’ancien Bordelais, avez-vous suivi l’épopée des hommes de Laurent Blanc et de Marouane Chamakh que vous avez côtoyé aux Girondins ?

RM : Évidemment. Bordeaux est ma ville, j’y ai vécu le plus clair de ma vie. Bordeaux est le club qui m’a donné une excellente formation et qui m’a permis d’atteindre le plus haut niveau et le statut de professionnel. C’est avec beaucoup d’émotions et de fierté que j’ai suivi leur performance en championnat, et bien sur ce titre en fin de saison. Bordeaux est une magnifique ville et voir ces supporters y faire la fête et être récompensés pour leur fidélité, cela fait chaud au cœur. Mais je n’oublie pas que cette année-là, Bordeaux n’a pas réussi à l’emporter face à nous et être l’invaincu des bordelais après leur saison, cela fait aussi plaisir (rires).



Son avis sur Raymond Domenech

FM : L’équipe de France est actuellement très critiquée. Raymond Domenech a cru très tôt en vous en vous appelant très jeune. Parlez-nous un peu de lui et de votre sentiment envers les Bleus

RM : Monsieur Domenech connaissait mes qualités, car il m’avait sélectionné en Équipe de France Espoirs, sélection avec laquelle j’avais été nommé capitaine. Il est dans une politique d’évolution, de faire passer les Espoirs avec les A, et c’est une bonne chose, car une suite logique pour la progression d’un joueur. Je me suis toujours très bien entendu avec le sélectionneur, c’est quelqu’un d’intelligent et de posé. Concernant l’équipe de France, elle a toujours été critiquée, ce n’est pas nouveau. Les journalistes et les Français sont exigeants. Mais rien n’est terminé concernant la qualification de la France et tout le monde tirera des conclusions à la fin des deux prochains matches, pas avant.

FM : À ce propos, vous comptez 6 sélections, et vous n’avez plus porté le maillot bleu depuis deux ans et demi. Pensez-vous avoir votre place parmi les Toulalan, Lassana Diarra et autres Alou Diarra ?

RM : Concernant les joueurs, il ne faut pas oublier Patrick Vieira, le capitaine, qui revient petit à petit. Après, il faut être clair, Lass’, Toul’ ou Alou jouent tous les trois dans des clubs plus médiatisés. Lyon a été champion plusieurs fois d’affilée, Bordeaux la saison passée et le Real… C’est le Real, que voulez-vous, la renommée de ces clubs n’est plus à faire. Dire que j’ai ma place serait prétentieux, mais sur une saison, j’ai mes chances de faire au moins aussi bien.

FM : Avec le recul, regrettez-vous quelque chose dans vos choix de carrière ?

RM : Je ne regrette vraiment rien. Je suis parti de Bordeaux au bon moment, à la fin d’un cycle et cela faisait plus de 10 ans que j’y étais, depuis les catégories poussins. Je suis parti avec un titre, une coupe de la Ligue, je voulais finir sur un trophée avec mon club de cœur. Le choix de Villarreal derrière n’était pas si mauvais, et cela m’a appris qu’il faut d’abord discuter avec l’entraîneur et que la parole du Président ne suffit pas forcément. Le temps avançait, je n’avais pas ma chance, et j’avais besoin de jouer. J’ai donc décidé de venir à Lille et c’est en revenant dans le championnat de France que je me suis rendu compte que j’avais progressé dans beaucoup de domaines. Au final, je suis le capitaine du LOSC aujourd’hui, je n’ai pas de regrets et j’espère ne pas en avoir pour le reste de ma carrière.



Pellegrini, pas un bon souvenir

FM : Lors de votre passage à Villarreal, vous avez connu brièvement Manuel Pellegrini, le nouvel entraineur du Real Madrid. Pensez-vous qu’il possède la carrure pour entrainer un club de cette envergure ?

RM : Il a quand même fait de bonnes choses avec Villarreal même s’il avait l’effectif et les conditions de travail pour réaliser ces performances. Après, le voir signer au Real a été une surprise pour moi, surtout avec ces stars qui sont arrivées au club en même temps que lui, ou presque. Il a l’avantage de connaitre la Liga et d’avoir un effectif qui prônera le jeu. Cela s’est mal passé avec lui, enfin non, il ne s’est rien passé puisque pas de communication, en ce qui me concerne. Mais tout ceci est dernière moi et il faut avancer aujourd’hui.

FM : Vous êtes au LOSC depuis deux saisons, avez vous songé à retenter votre chance à l’étranger ? Et si oui quel est le championnat qui vous attire le plus ?

RM : Lorsque l’on est professionnel comme moi, on a des objectifs, des ambitions. Je me plais à Lille, mais on ne sait jamais de quoi l’avenir est fait. L’étranger est un aboutissement et j’aimerai bien retenter ma chance un jour dans un autre championnat, c’est toujours enrichissant. J’ai toujours bien aimé l’Espagne, mais aussi l’Italie ou l’Angleterre. Au vu des matches le week-end, je pense que l’Angleterre est le meilleur championnat européen. Cela pourrait porter sur un de ces trois championnats.

FM : Vous êtes bien connu pour votre engagement auprès de nombreuses causes humanitaires, parlez-nous de votre fondation Rio Mavuba – « Les orphelins de Makala » que vous venez d’ouvrir au Congo

RM : C’est vrai que je suis le parrain de plusieurs associations en rapport avec les enfants malades. Mais j’avais ce besoin de créer quelque chose de ma propre initiative, et c’est venu tout naturellement pour moi de donner du mien au Congo. L’orphelinat a maintenant 31 jeunes de 5 à 15 ans et nous les épaulons toute la journée, nous les encadrons et nous leur donnons ce qu’ils ne peuvent pas avoir dans leur pays : un suivi médical, des repas réguliers, la possibilité d’avoir une hygiène « normale ». C’est une sorte de trait d’union avec mes racines. Je vous encourage à venir sur le site de ma fondation « Les orphelins de Makala » et pourquoi pas faire un don en nous contactant. Merci pour votre aide et votre soutien.