2 Septembre 2009 : Entretien avec... Selim Benachour : « Je ne suis pas mort ! »

Rares sont les joueurs issus du centre de formation du Paris SG à avoir réussi à s’imposer en équipe première. Selim Benachour (27 ans) est de ceux-là. Malgré des qualités techniques indéniables et des prestations intéressantes en Ligue 1 au début des années 2000, l’international tunisien n’est jamais vraiment parvenu à faire son trou au sein du club de la capitale. Désireux de jouer plus régulièrement au haut niveau, le jeune milieu offensif décida de quitter le nid parisien en 2005. Tombé dans l’oubli au Portugal (Vitoria Guimaraes), en Russie (Rubin Kazan) puis au Koweït (Al-Qadisiya), le natif de est revenu sur le devant de la scène cet été en s’engageant avec Malaga, l’une des révélations de la saison passée en Liga. Pour FootMercato, l’ancien Parisien a passé en revue son parcours atypique et a partagé sa joie de retrouver le football européen.



FootMercato : Selim, tout d’abord comment allez-vous ?

Selim Benachour : Bien, bien, ça va très bien, merci !

FM : Vous vous êtes engagé il y a quelques semaines avec Malaga après une période d’essai de deux semaines. Quelles sont vos premières impressions sur votre nouveau club ?

SB : Très bien. Cela fait maintenant un mois que je suis là. Cela sa passe très bien. J’ai fait des matches amicaux, j’ai joué et ça s’est très bien passé. Je viens de signer pour deux ans avec Malaga. Je suis là pour me relancer et pour montrer mes qualités à tous. C’est vrai que j’étais parti un peu partout en Russie et au Koweït dernièrement. J’ai voulu revenir en Europe. Ma période d’essai à Malaga s’est déroulée sans soucis. Je suis content et j’espère réaliser une bonne saison ici.

FM : J’imagine que vous avez suivi les résultats du club en Liga la saison passée.

SB : Ils ont fait une super saison ! Ils ont terminé à la neuvième place ce qui est vraiment bien surtout lorsque l’on évolue dans le meilleur championnat du monde. C’est vraiment une aubaine pour moi d’arriver ici. C’est ce qui pouvait m’arriver de mieux ! C’est désormais à moi de travailler, de gagner ma place et d’être performant cette année.



Des contacts en Turquie

FM : Avez-vous eu d’autres offres intéressantes cet été avant de vous engager avec le club andalou ?

SB : J’ai eu des contacts en Turquie. Un club de milieu de tableau qui m’a appelé avant Malaga, mais je n’ai pas voulu donner suite. Ensuite, Malaga m’a appelé en urgence, car le club cherchait un milieu offensif, habile techniquement et capable de donner des bons ballons aux attaquants. Ils m’ont demandé de faire un essai et vous connaissez la suite. Je voulais montrer aux gens que j’étais encore là même si je n’ai pas pu percer à Paris.

FM : En signant en Espagne cette saison, vous allez avoir la chance de vivre de près le duel au sommet qui s’annonce entre le FC Barcelone et le Real Madrid. Quel est votre favori ?

SB : Je fais du Barça mon favori. Ils sont au-dessus malgré le gros recrutement du Real. Barcelone est une machine qui tourne depuis 3-4 ans, les joueurs se connaissent parfaitement et cela fera sûrement la différence. Le duel sera plus serré cette année, mais je donne tout de même un petit avantage au Barça.



Un parcours atypique

FM : Ce transfert en Europe marque votre retour au premier plan. La France vous avait un peu perdu de vue depuis votre départ du Paris SG en 2005. Pouvez-vous revenir sur votre parcours ces dernières saisons ?

SB : Après Paris, je suis parti au Portugal. J’ai joué un an au Vitoria Guimaraes. Cela s’est super bien passé. J’ai joué une quarantaine de matches, inscrit une douzaine de buts et offert une dizaine de passes décisives. Mais malheureusement, nous sommes descendus en deuxième division en fin de saison. Je devais alors signer au Sporting CP, mais il y a eu des petits soucis avec mes agents et finalement cela ne s’est pas fait. Je suis donc parti en Russie au Rubin Kazan. J’y ai joué un an et demi. La première année s’est très bien passée. Les six derniers mois ont été plus compliqués, car je ne jouais plus beaucoup. J’ai alors décidé de partir au Koweït. J’y suis resté un an et demi. Et aujourd’hui, je suis heureux de retrouver l’Europe avec Malaga.

FM : Cet exil exotique n’a-t-il pas été trop dur à gérer ?

SB : Au début oui. En Russie, j’ai eu du mal. C’est une autre mentalité, un autre football, un autre style de vie. Mais j’ai fini par m’habituer sur la fin. Au Koweït, comme je suis musulman, tout s’est parfaitement passé. Maintenant, footballistiquement, le niveau était très bas. C’est pour cela que j’ai voulu revenir en Europe pour retrouver le haut niveau.



La sélection dans un coin de la tête

FM : En sélection, vous avez aussi connu des heures délicates. En arrivant à Malaga, vous devez sûrement espérer revenir chez les Aigles de Carthage par la grande porte et pourquoi pas disputer la Coupe d’Afrique des Nations et la Coupe du monde en 2010.

SB : C’est clair. C’est à moi de jouer maintenant. Si je joue régulièrement ici, il ne devrait pas y avoir de problèmes pour revenir en sélection. Après c’est à moi de montrer mes qualités. Je suis encore jeune, je n’ai que 27 ans, je ne suis pas mort ! J’espère jouer ces deux compétitions. On est premiers de notre poule pour l’instant (ndlr : après 3 journées, les coéquipiers de Selim Benachour sont premiers du groupe B avec 7 points devant le Nigéria, 5 points, le Kenya, 3 points, et le Mozambique, 1 point). On a un match important au Nigéria le 6 septembre et si on ne perd pas, on a de grandes chances de se qualifier.

FM : Êtes-vous en contact avec le sélectionneur, le Portugais Humberto Coelho ?

SB : Pas du tout. Je ne le connais pas très bien. Depuis qu’il est en place, il ne m’a pas convoqué puisque j’étais au Koweït. Maintenant que je suis à Malaga, je pense avoir plus de chances d’attirer son regard. Cela dépend de la saison que je vais passer ici. Si je joue et que je suis performant, je pense que cela va se faire.



Un œil sur la Ligue 1

FM : Malgré vos diverses expériences à l’étranger, gardez-vous toujours un œil sur le championnat de France ?

SB : Bien sûr ! J’ai toutes les chaînes françaises grâce à la parabole donc je regarde les matches de L1 et plus particulièrement les résultats de Paris. Ça reste mon club !

FM : Quel est votre favori pour cette saison ?

SB : Cette année, je vois bien Marseille. Ils ont fait un super recrutement et en plus ils ont fait signer mon pote Fabrice Abriel qui a bien commencé. Je l’ai eu au téléphone 2-3 fois et il m’a dit le plus grand bien de l’effectif de l’OM. Je pense qu’ils vont être très costauds cette saison.



L’épisode parisien

FM : Comment envisagez-vous la saison du PSG ?

SB : Je pense que le podium se jouera entre Marseille, Bordeaux et Lyon. Ces trois clubs se détachent. Je vois bien Paris terminer dans les cinq premiers, mais pour le titre ou le podium, cela risque d’être dur.

FM : Avec le recul, comment analysez-vous votre passage à Paris ?

SB : À l’époque, ils faisaient jouer les stars, les Ronaldinho, les Okocha, les Anelka. Donc je ne pouvais pas beaucoup jouer. Aujourd’hui, la politique du club a changé. Ils ont moins de moyens et font plus confiance aux jeunes. Il m’a manqué ce petit facteur chance pour réussir. Malgré tout, j’ai joué, j’ai montré de belles choses. Malheureusement, la pression des résultats, des médias et des supporters a fait que la direction n’a pas attendu l’éclosion des jeunes durant cette période.

FM : Avant votre essai à Malaga, vous vous entrainiez au Camp des Loges. Vous verra-t-on à nouveau un jour sous les couleurs du club de la capitale ?

SB : On ne sait jamais ce que la vie nous réserve. Aujourd’hui, je suis en Espagne et je n’ai vraiment pas la tête à revenir en France. L’Espagne, c’est vraiment ce qu’il me fallait, le jeu à une ou deux touches de balle toujours en mouvement me correspond parfaitement. Pour moi, c’est le meilleur championnat au monde. J’espère rester ici de longues années. Après on ne sait jamais ce qui peut se passer.