12 Décembre 2006 : Gros plan sur Frédéric Kanouté

Lyon aurait sûrement besoin de lui aujourd’hui et pourtant quand il fut vendu en janvier 2000 à West Ham, personne n’aurait parié sur la réussite du Franco-Malien. Auteur de 16 buts en 33 matches, le natif de Sainte-Foy-lès-Lyon devait quitter le club de sa région pour le championnat anglais qui réclamait sa grande carcasse (1m91). L’OL ne dominait pas encore la France à cette époque et Jean-Michel Aulas avait besoin de cet argent pour renforcer l’équipe. Kanouté qui avait fait toutes ces classes à Lyon allait découvrir une Premier League taillée pour son physique.

Pourtant, ses trois ans et demi à West Ham ne furent pas couronnés d’un franc succès au niveau comptable, malgré tout il laissa une très bonne impression du coté d’Upton Park. Son meilleur total fut de 11 buts en 2000/01 et 2001/02. C’est au niveau du jeu que l’ancien lyonnais apporte un plus, par ses déviations de la tête ou ses remises pour ses partenaires d’attaque. Car Kanouté n’est pas un véritable buteur, comme il l’avoue lui-même : « Je ne suis pas un goleador, mon objectif est d’être un joueur complet et efficace ». Il aime jouer pour ses coéquipiers, les mettre en valeur. Sa timidité et sa modestie en font un homme attachant et respecté dans le vestiaire. L’ancien international espoir français avait connu une saison difficile, avec quelques blessures qui ne lui permettent de jouer que 17 rencontres lors de sa dernière saison à West Ham.

Son influence sur et en dehors du terrain lui valent donc un transfert à Tottenham, ennemi de West Hamcertes, mais plus prestigieux. Ces deux années à White hart Lane seront du même acabit que les précédentes, sauf au niveau but (il en inscrira 14 en 59 rencontres). Les attaquants sont souvent jugés sur leurs statistiques, mais dans le cas du malien il faut aussi regarder son placement, ses appels, sa protection de balle, son travail défensif et combien il pèse sur une défense. Une sorte de Drogba en moins buteur et plus passeur. Robbie Keane et Jermain Defoe, ses anciens partenaires d’attaque, peuvent en témoigner.

Au début de la saison dernière, l’ancien gone va prendre la direction de l’Espagne, Juande Ramos le nouveau coach et Monchi le directeur sportif cherchent un point d’ancrage pour leur attaque et le font venir à Séville. Le public ne le connait pas, mais Hierro le rassure un peu en précisant « qu’il était une grande trouvaille ». Certes il n’a pas le prestige de Luis Fabiano ou Javier Saviola qui sont aussi dans l’effectif sévillan à l’époque, pourtant il ne va pas tarder à s’imposer comme un titulaire à part entière. Kanouté va s’intégrer de manière remarquable au football ibérique, moins physique et plus technique ; plus proche de celui pratiqué avec la sélection du Mali.

Après une année couronnée de succès, avec la victoire en Coupe de l’Uefa face à Middlesbrough (4-0) ; Kanouté est reparti sur des bases élevées. Vainqueur de la supercoupe d’Europe face à Barcelone (3-0) ; il est désormais deuxième de la Liga et surtout meilleur buteur avec 11 réalisations (en compagnie de Ronaldinho et Diego Milito), pulvérisant son total de la saison dernière. Aujourd’hui, il rêve de devenir pichichi (meilleur buteur de la Liga) et succéder à Samuel Eto’o, le modèle africain. Malgré tout, il n’est pas obsédé par le but, comme cette offrande donnée à Adriano son coéquipier, face à Osasuna, alors qu’il était en position pour réaliser le doublé dans cette rencontre. Ce qui fera dire à Adriano que Kanouté, c’est vraiment la classe.

Plus qu’un grand attaquant, c’est un homme très attaché à ses valeurs, qui a choisi de porter les couleurs du Mali, plutôt que la France. Un homme qui en début de saison a menacé de ne pas mettre le maillot du club car le sponsor est une entreprise de paris en ligne, contraire à ses préceptes religieux. Heureusement les dirigeants andalous ont trouvé une solution puisque la compagnie reverse une partie de ses gains à des œuvres caritatives, notamment à celle soutenue par le malien au profit des enfants défavorisés. A 29 ans, Kanouté semble avoir trouvé une certaine stabilité et sérénité à Séville, en tout cas un environnement propice à son éclosion. Le voilà qui lutte enfin pour un titre de champion qui lui tient à cœur, histoire de se hisser à la hauteur de deux illustres attaquants africains : Didier Droga et Samuel Eto’o.