21 Février 2009 : Hertha Berlin, l'équipe qui fait trembler la Bundesliga

Un véritable événement. Le week-end dernier, le Hertha Berlin disposait du Bayern Munich lors de la 20e journée Bundesliga (2-1) grâce à un doublé de l’Ukrainien Voronin. Cela faisait plus 7 ans que le club berlinois ne s’était pas imposé devant l’ogre bavarois. Un succès qui a permis aux hommes du Suisse Lucien Favre de prendre la tête du championnat allemand. Le Hertha Berlin leader, une surprise de taille lorsqu’on se penche sur le passé tumultueux de cette formation.

Créé en 1892, le club de la capitale va connaître plusieurs changements de noms, plusieurs faillites et rachats et gardera définitivement le nom de Hertha Berlin en 1945. C’est dans les années 70 qu’il connaîtra ses heures de gloire terminant notamment vice-champion d’Allemagne en 1975 derrière la célèbre équipe de Möchengladbach et en atteignant une demi-finale de Coupe d’Europe en 1979. Voilà pour les quelques années de gloire d’un club qui a connu beaucoup de désillusions, en rapport notamment avec le fameux Mur de Berlin.

C’est dans les années 1990 que le Hertha va se stabiliser et accéder pour de bon à une Bundesliga qui attendait impatiemment le club de la capitale. Et en 1999, portée par une très encourageante 3e place, “Die Alte Dame” (son surnom en Allemagne qui signifie la vieille dame) propose un recrutement alléchant avec les arrivées d’Ali Daei, Sebastian Deisler et Josep Simunic. Durant 4 années, le Hertha va s’installer dans le top 5 du championnat allemand. Sans grands moyens financiers, l’équipe s’articule autour de quelques joueurs expérimentés et de jeunes pousses tout droit sorties du centre de formation. Malgré une grosse frayeur en 2003-2004 où le club flirte avec la relégation, le Hertha poursuit son ascension sans jamais parvenir à se joindre pour la lutte pour le titre.



Le Hertha, un club formateur

Comme de nombreux clubs allemands, Die Alte Dame s’endette pour survivre. Alors, en janvier 2005, elle fait appel à ses propres supporters pour un emprunt public de 6 M€. Avec un endettement d’alors 19 millions d’euros, elle entend, avec cet argent frais, réaliser des investissements dans le domaine des infrastructures pour les équipes d’amateurs et de jeunes. S’ensuivent deux années de vache maigre, où les espoirs du club comme Ashkan Dejagah ou Kevin Boateng quittent rapidement le club.

Nommé à la tête du club au début de la saison 2007-2008, le Suisse Lucien Favre est en train donc de réaliser un exploit en menant le club berlinois en haut de l’affiche. L’âme de cette équipe est personnalisée par les deux anciens, Arne Friedrich le capitaine international allemand, et l’international hongrois Pal Dardaï, 32 ans, au club depuis la saison 1996-1997, auxquels on peut ajouter le Serbe Marko Pantelic, vieille connaissance parisienne.

L’Allemagne entière s’est faite surprendre par le parcours du Hertha. "Champion ? Le Hertha ? Ça paraissait jusque-là autant probable que de servir une currywurst avec du caviar véritable sur des patates à l’huile", pouvait-on lire récemment dans le Süddeutsche Zeitung. Devenus de véritables concurrents pour le titre, comme l’ont souligné le sélectionneur national Joachim Löw et le grand Franz Beckenbauer, les Berlinois ne convainquent par contre pas spécialement sur le plan du jeu. Spécialiste du finish dévastateur, le Hertha a marqué un tiers de ses buts dans le dernier quart d’heure ! Et il n’a besoin en moyenne que de trois occasions par match pour marquer un but. Deux recettes qui permettent au Hertha d’occuper le fauteuil de leader de la Bundesliga aux dépens du Bayern Munich ou de Hambourg.

Aujourd’hui, Die Alte Dame retrouve les hauteurs du classement qu’elle n’a finalement que très peu connu. Personne n’en fait un favori pour le titre et pourtant, une statistique a de quoi ravir tous les supporters de l’Olympiastadion : le leader au soir de la 20e journée a toujours été sacré, à une exception près, lors des neuf dernières saisons.