17 Avril 2009 : La coupe UEFA sous la domination des pétrodollars ?

Le football européen est définitivement régi par la loi des plus riches. Si une telle affirmation n’a vraiment rien de surprenant, les dernières éditions de la Ligue des Champions et de la coupe UEFA ont mis en évidence une tendance qui s’affirme d’année en année. En LdC, pour la troisième saison consécutive trois clubs anglais sont présents en demi-finale. Un fait qui n’est pas vraiment dû au hasard puisque sur les huit clubs les plus riches du monde, les quatre membres du Big Four sont présents.

De plus en plus rachetés par des magnats de l’industrie pétrolière, les clubs britanniques vont continuer d’asseoir leur domination à coup de millions d’euros. Une broutille pour leurs richissimes propriétaires. Si une équipe comme le Real Madrid possède les moyens financiers pour répondre, la mauvaise gestion du club merengue en terme de transfert (0 recrue majeure l’été dernier) les empêche de rivaliser. La déroute subie contre Liverpool en huitièmes de finale en est l’illustration parfaite. Si la coupe aux grandes oreilles est donc sous l’hégémonie des formations de Sa Majesté, la coupe UEFA n’y échappe pas elle non plus.



Coupe UEFA : une troisième victoire en six ans pour l’Est ?

Après un intermède sévillan qui a duré deux ans (2006 et 2007), les clubs de l’Est ont repris l’ascendant depuis. Victorieuses à deux reprises lors des quatre dernières éditions (Zenit St-Petersbourg l’an dernier, CSKA Moscou en 2005), les équipes venues du froid ont une chance de porter ce total à trois puisqu’ils sont assurés d’avoir soit le Dynamo Kiev ou le Shakhtar Donetsk en finale. Et au vu de leurs prestations face à l’OM et au PSG, le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ne débarqueront pas à Istanbul avec le statut d’outsider.

Pas encore assez puissants pour briller en Ligue des Champions (le Dynamo et le Shakhtar ont tous les deux terminés 3es de leur groupe cette année), ces formations méconnues du grand public se rattrapent donc sur la coupe UEFA où leurs moyens financiers leur permettent de briller davantage face à des formations moins riches que les équipes citées ci-dessus. Pour preuve, avant d’arriver en demi-finale, Valence et Tottenham ont été impuissants face à la vague ukrainienne. Une question se pose alors : un tel phénomène peut-il durer ? Si le degré d’attractivité de ces clubs n’est pas à son paroxysme et ne leur permet pas d’attirer les grandes stars du ballon rond, les pétrodollars font toutefois souvent la différence chez les jeunes.



Le pouvoir des pétrodollars

En effet, si on regarde de plus près les recrutements des deux derniers rescapés ukrainiens, on se rend compte que beaucoup d’espoirs du football mondial (surtout les Brésiliens) choisissent d’aller s’épanouir (financièrement) dans ces pays alors qu’ils sont courtisés par des formations européennes de premier ordre. Ainsi, des pépites telles que Willian Borges (20 ans), Marcelo Moreno (21 ans) ou bien Guilherme (20 ans), qui étaient pourtant dans le viseur d’un club comme l’OL, ont trouvé refuge en dans ces clubs. Des clubs qui n’ont pas rechigné à débourser des fortunes (14 M€ pour Borges, 10 M€ pour Moreno) pour ces inconnus. Et de griller du même coup toute une concurrence plus réticente.

Si la rudesse du climat ukrainien laisse souvent penser que beaucoup de joueurs ne sont là que pour une ou deux années, histoire de remplir leur compte en banque et de retourner au chaud, là encore les choses évoluent. Pour combler le fait de jouer dans un championnat plus faible et dans un pays aux conditions climatiques moins clémentes, les dirigeants font là encore appel aux pétrodollars. Par exemple, pour un joueur comme Dario Srna. Recruté par le Shakthar à l’âge de 21 ans en 2003, l’international croate a souvent vu son nom associé à des clubs comme la Juventus, la Lazio ou encore le PSG. Malgré un prix de départ plutôt abordable (6 M€), l’ancien pensionnaire de l’Hajduk Split n’est cependant jamais parti. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il a vu son salaire être revalorisé à un peu plus de 3 M€ par an. Difficile alors de s’aligner. Mais ce n’est pas tout. Face à cette puissance financière, il est également compliqué d’arracher à ces équipes leurs vedettes.



Des joueurs inaccessibles financièrement ?

Ancien Manceau, Ismaël Bangoura a quitté la Sarthe à seulement 22 ans contre 5 M€. Un prix raisonnable pour celui qui était considéré comme un des espoirs de la Ligue 1. Aujourd’hui et après 27 buts inscrits en 40 matches de championnat ukrainien, son prix a plus que doublé pour atteindre les 12 M€. Le joueur a donc beau faire des appels du pied à des clubs hexagonaux, le tarif est prohibitif.

Puissants financièrement pour attirer les meilleurs jeunes et parvenir à les conserver, les clubs de l’Est résistent de plus en plus au pillage des formations occidentales. Protégés par les pétrodollars, ils ont encore de beaux jours devant eux et cette domination en coupe UEFA ne fait peut-être que commencer.