18 Février 2008 : La Major League Soccer, le nouveau cimetière doré des éléphants

Après le Qatar et des matches disputés devant trois émirs et une dizaine de spectateurs, les anciennes gloires du football ont trouvé un nouveau terrain de jeu pour mettre fin à leur carrière. Exit l’Asie, direction les States et la désormais très juteuse Major League Soccer (MLS). Trente ans après la fameuse dream-team des New York Cosmos menée par les Pelé, Beckenbauer, Carlos Alberto et autres Chinaglia, le championnat nord-américain retrouve une belle cote de popularité auprès des stars du football européen voire mondial, sur le retour.

Composée de 14 équipes réparties en deux divisions (Est et Ouest), la MLS est, à l’instar de la NBA, un championnat de franchises qui paient le droit d’évoluer au plus haut niveau. Il n’y a donc pas de relégation ni de promotion. Championnat peu attractif sur le plan du jeu, il attire néanmoins de plus en plus de stars. La raison principale : l’argent proposé par les directeurs des franchises aux grands noms du football avec en point d’orgue la signature de David Beckham aux Los Angeles Galaxy avec un mirobolant contrat de 250 M€ sur cinq ans, soit 50 M€ par saison. À 32 ans, Becks ne pouvait rêver de meilleure retraite dorée.

Des stars pour relancer le soccer

L’objectif des dirigeants américains est donc simple : signer des anciens cadors pour attirer plus de spectateurs et relancer le « soccer » dans un pays où les sports roi sont le basketball, le football américain et le baseball. Pour y parvenir, ils n’hésitent donc pas à aligner les zéros quitte à privilégier l’aspect commercial au plan sportif comme avec le Spice boy. Une aubaine pour ces anciennes gloires qui voient là une occasion idéale de renflouer leur compte en banque sans trop forcer.

En effet, alors qu’en Europe ils seraient cantonnés au banc des remplaçants, la MLS leur offre un statut de titulaire dans une ligue composée de vétérans et de promesses n’ayant pas confirmé en Europe (Donovan, Ricardinho) où le niveau n’est pas très élevé, mais surtout où le spectre de la relégation n’existe pas. Facile de comprendre alors pourquoi l’ancien Madrilène n’a pas hésité à quitter Santiago Bernabeu lorsque les Galaxy lui ont proposé de toucher 50 M€ par saison sous le soleil de la Californie. Ce fut également le cas de l’ancien Parisien Marcelo Gallardo qui a préféré opter pour le DC United alors que des formations argentines comme San Lorenzo ou River Plate lui proposaient un dernier défi sportif plus intéressant (Copa Libertadores).

On l’a bien compris, Don Garber, le patron de la MLS, rêve de recréer le New York Cosmos des années 70 et a pour cela décidé d’introduire une règle appelée Designated Player Rule ou la « règle Beckham » qui permet aux équipes de la ligue de pouvoir dépasser leur plafond salarial afin de recruter une star qui les rendrait plus compétitives. Le big boss du soccer encourage en ce sens les formations a développer cette politique de recrutement dorée à son paroxysme comme le prouve la tentative des Galaxy de vouloir enrôler Zinedine Zidane alors que Zizou n’a plus joué sur un terrain depuis un an et demi ou encore le passage de Youri Djorkaeff au New York Red Bull.

La jeunesse américaine saura-t-elle en tirer profit ?

Cependant, si pour ces joueurs sur le déclin, l’aspect financier n’est évidemment pas négligeable, il pose néanmoins quelques problèmes d’éthique sportive comme l’exemple du célèbre buteur mexicain Cuauhtemoc Blanco qui n’a pas hésité à prendre sa retraite internationale afin de se consacrer uniquement à son nouveau club des Chicago Fire.

La Major League Soccer tend aujourd’hui à devenir un melting pot de joueurs de toutes nationalités venant goûter au rêve américain avant de tirer leur révérence sous les sunlights. Reste à savoir si les jeunes américains sauront tirer profit de ces monstres du ballon rond afin de hisser leur niveau de jeu et porter la sélection US vers le gotha du football comme ils l’avaient fait lors du mondial 2006 où les Boys de Bruce Arena avaient atteint les quarts de finale. C’est peut-être ça le nouveau rêve américain.