20 Février 2008 : Lyon-Manchester : le Champion de France à l'épreuve de ses challenges

À quelques heures d’affronter Manchester United en 8e de finale aller de la Ligue des Champions, l’Olympique Lyonnais ne part pas favori de cette rencontre. Mais plus qu’un match c’est une page de son histoire et celle du football français que le club de Jean-Michel Aulas s’apprête à écrire. Loin de se lancer dans un exercice de pronostics qui n’influencera pas de manière objective le dénouement de cette double confrontation, car seule compte la qualification, Alain Perrin et ses hommes devront relever plusieurs défis concrets qui leur sont proposés.

Lyon est une équipe capable de proposer une animation de jeu à la fois séduisante et pragmatique, l’enjeu de l’opposition sera donc de retrouver cette qualité, tout en l’adaptant à l’adversaire du jour. Ce qui n’a pas été le cas par exemple contre Le Mans le week-end dernier.

Dans ce cas de figure, les jeunes pousses lyonnaises, que sont Karim Benzema et Hatem Ben Arfa, seront les hommes déterminants de leur équipe. À ce stade de la compétition, ce sont les individualités qui font pencher la balance d’un côté ou de l’autre, être à la hauteur de l’évènement sera le signe sans conteste qu’ils ont franchi un palier.

Enfin, après 5 campagnes en Ligue des Champions à ce stade de la compétition, Lyon qui jouit désormais d’une reconnaissance internationale, mais qui souffre toujours de la carence d’une ferveur populaire en France, à l’occasion de gagner cette bataille.

L’incontournable épreuve du jeu

Il n’y a pas de hasard quand on entame la deuxième phase d’une compétition telle que la Ligue des Champions. La capacité d’une équipe à dominer son adversaire, repose dans sa faculté à lui imposer son jeu.

Depuis le début de la saison, l’Olympique Lyonnais est à la recherche d’une régularité dans ses prestations, que ce soit en Ligue des Champions ou alors en Championnat. Capable de tutoyer les sommets à l’Ibrox Stadium en dominant les Glasgow Rangers (3-0) dans un match couperet en décembre, et de rendre une copie blanche contre Le Mans en L1 (O-1) le week-end dernier.

Face à United, il n’y a pas le choix, il faut retrouver les valeurs collectives de l’équipe qui se résument au rythme, à la vitesse, précision technique, cohésion collective (l’équilibre entre les lignes, la gestion des phases défensives et offensives), le rythme (ne pas subir celui de l’adversaire qui voudra avoir la possession de la balle, la vitesse, et précision technique.

« Tout dépend surtout des joueurs. Nous, on ne fait que donner certains repères de jeu. », encore faudrait-il que les joueurs soient mis dans une configuration capable de laisser exprimer leur talent. Deux constats. Cette saison en Ligue des Champions lorsque Lyon a évolué dans une disposition habituelle c’est-à-dire en 4-3-3, avec les trois pointes que sont Govou, Benzema et Ben Arfa, l’équipe a réussi (3 contre Glasgow à l’extérieur, 1 lors de la réception de Barcelone). Ce qui n’est pas le cas lorsqu’un des trois offensifs a été sacrifié au profit d’un profil défensif (à Barcelone Belhadj titularisé à la place de Ben Arfa), ou encore quand Benzema a été décalé sur le côté (Glasgow à Gerland).

Alors Perrin tentera-t-il un nouveau coup contre MU ? « Non, j’ai envie de rester sur des bases et des références de jeu qui nous réussissent plutôt bien depuis quelques mois. (...) Et puis pourquoi s’embêter à faire des choses qui ne peuvent pas être comprises des gens ? ». Ces gens, ce serait la presse qui fait l’écho ce matin encore d’une possibilité de titularisation de François Clerc à la place d’Hatem Ben Arfa.

En bon connaisseur des qualités de l’équipe lyonnaise et de la haute compétition, Gérard Houllier a déclaré hier lors de la soirée Ligue des Champions sur Canal+ « À ce niveau de la compétition on ne fait pas d’essais ».

Benzema et Ben Arfa : renouveler la prestation de Glasgow contre un grand d’Europe

En ce moment, Karim Benzema et Hatem Ben Arfa, tous deux 20 ans, font l’objet de toutes les attentions au niveau national comme international.

Il faut dire que la montée en régime des deux jeunes cette saison, qui sont devenus en quelques mois titulaires dans leur club, et aspirant à le devenir en équipe de France, force l’admiration.

D’ailleurs Sir Alex Ferguson l’adversaire du jour, qui a manifesté son envie de les posséder dans son équipe, ne tarit pas d’éloges pour les deux joueurs made in Lyon « Deux jeunes brillants. Benzema me rappelle Zidane par sa morphologie et sa rapidité. Ben Arfa, est rapide comme Ronaldo et aime progresser balle au pied ».

Pour l’attaquant et le milieu de terrain, l’objectif est donc de réitérer la performance dont ils ont été les auteurs contre les Rangers, le premier passeur, le deuxième double buteur. S’ils jouent à leur niveau, il y a des chances que leur équipe soit à la hauteur de l’évènement, et sur le plan personnel qu’ils ont prêts pour les grands défis, à commencer par l’Europe l’été prochain.

Faire tomber un grand d’Europe, pour gagner une reconnaissance populaire

Il y a encore quelques mois lorsque Lyon était au bord de l’élimination au premier tour de la compétition, Jean-Michel Aulas était devenu la risée de la presse, les critiques lui reprochant son excès de certitudes. En comparaison, Marseille qui a pris part au premier tour de la C1, et qui a été éliminé malgré un excellent départ, n’a souffert d’aucune marque d’hostilité.

Ce parallèle étaye de manière implacable tout le fossé qui existe entre les deux clubs, car malgré ses 6 titres de Champion de France consécutifs, sa cinquième participation consécutive à un 8e de finale de C1, Lyon n’a pas battu un grand dans un match à élimination directe, ce qui est le cas de Marseille, vainqueur de la C1 en 93.

Pour gagner ce capital de sympathie populaire, l’OL c’est ce qui lui reste à faire. Le succès sera d’autant plus grand que Manchester fait de cette compétition une priorité de sa saison. Après 9 ans de disette, Alex Ferguson qui ne trouve plus le sommeil à cause de ce manque, pourrait encore passer des nuits blanches. Tout dépend de l’OL.