22 Janvier 2009 : Manchester City : la nouvelle énigme du football mondial

Kakà, Villa, Henry, Drogba, Ribéry, Terry, Buffon. Tous ces joueurs ont un point commun, autre que leur immense talent. Ils ont tous été courtisés par Manchester City, ou le sont encore. Et la liste est aussi longue que le palmarès récent des Citizens est vierge. De Silva à Materazzi en passant par Trezeguet ou Eto’o, le club mancunien cherche sans relâche ceux qui pourront les faire passer du statut de deuxième club de Manchester à celui de meilleure équipe du monde. Mais le modus operandi utilisé par l’Abu Dhabi Group est-il bon ? On peut se permettre d’en douter.

En adoptant une stratégie agressive fondée sur la profondeur de leur portefeuille, les nouveaux propriétaires de City se sont attirés en peu de temps beaucoup d’inimitiés. Leur savoir-faire quasi nul dans le monde footballistique rend leurs manoeuvres souvent illisibles. La multiplication des pistes témoigne ainsi d’un manque flagrant de cohésion au sein de la cellule de recrutement, qui doit subir une pression permanente des nouveaux hommes forts. À ne pas savoir dans quel secteur recruter en priorité, City s’égare.



Le flop du recrutement hivernal

Le syndrome des premières années Abramovitch se répète : des millions à foison à ne savoir qu’en faire et des clubs qui profitent de cette manne financière inespérée pour faire grimper les prix. Les premières recrues mancuniennes de l’hiver se nomment Wayne Bridge (15 M€), Nigel de Jong (20 M€) et Craig Bellamy (15 M€). On est loin des stars du foot annoncées. Ces 3 joueurs ne sont foncièrement pas mauvais, mais les voir rejoindre City avant l’arrivée de l’Abu Dhabi Group aurait été envisageable. Seul le prix a augmenté. En Allemagne, le transfert du milieu de terrain De Jong, en provenance d’Hambourg, fait beaucoup rire.

Acheté 2 M€ à l’Ajax en janvier 2006, le joueur est revendu 10 fois plus cher alors qu’il disposait d’une clause dans son contrat stipulant qu’il pouvait partir l’été prochain contre une offre de 2,5 M€. Manchester City a donc payé le prix fort pour 4 mois de services supplémentaires. Une anecdote qui témoigne du manque de concertation et de réflexion des Citizens.

La grande erreur du club mancunien est de croire que des joueurs mondialement connus vont se ruer au City of Manchester Stadium pour quelques millions de plus sans garantie de succès sur le plan sportif. Les salaires faramineux, ils en disposent déjà à Barcelone, Madrid ou Milan. Certes, City propose des sommes inédites à ce niveau, qui peuvent faire tourner la tête, mais le challenge sportif reste bien trop peu attrayant. Surtout que cette saison, le club est plus aux portes de la relégation que de la Coupe d’Europe. Ce qui ne simplifiera pas la tâche l’été prochain à l’heure des grandes manoeuvres. Sans Coupe d’Europe à jouer et avec le seul Robinho en tête d’affiche, les dirigeants risquent d’éprouver toujours autant de problèmes à attirer de grands noms.

Pour espérer bâtir la meilleure équipe du monde, City devra se rappeler que Chelsea s’est construit par à-coups et n’a pas décroché de signatures incroyables lors de la première année d’Abramovitch. Duff, Veron, Geremi, Mutu ou Crespo, tels étaient les renforts de la première intersaison sous l’égide de l’oligarque russe. Des joueurs de qualité, pas encore stars ou sur le retour, qui voulaient prouver leur valeur dans ce club ambitieux. Au long-terme, les De Jong et compagnie ne sont peut-être pas une si mauvaise pioche. L’avenir dira si City a eu la main heureuse. La patience plus que le portefeuille semble être la meilleure arme pour ces nouveaux riches...