8 Juillet 2008 : Mercato L1 : la mode du clash s'institutionnalise

Quelle valeur doit-on accorder aux contrats souscrits aujourd’hui dans le football ? Relative. Au vu des désagréments que subissent les clubs employeurs lors des périodes de transferts, le constat est accablant.

La mode du clash qui veut que certains joueurs se mettent en porte à faux avec leurs clubs pour arracher leur liberté s’est installée comme un principe normal dans l’organisation du football.

Exceptionnel dans les années antérieures, le phénomène tant à se propager désormais jusqu’au point où il est devenu incommode pour les clubs qui sont liés par des contrats avec les joueurs en question, d’essayer de les retenir. La L1 n’y échappe pas.



La jurisprudence Gomis-Camara

L’été dernier l’AS Saint-Étienne était au centre des débats dans le conflit qui l’opposait avec deux de ses joueurs en l’occurrence Bafé Gomis et Zoumana Camara. Le premier qui venait d’accomplir sa première bonne saison avec les verts entendait répondre aux avances de Lens voire Toulouse, et le deuxième plus expérimenté qui ne voulait pas manquer l’opportunité de rejoindre le PSG.

L’ASSE qui voulait conserver les deux joueurs connut plus de réussite pour le premier, et un peu moins pour le second. Au-delà de l’épilogue de ces cas, c’est la méthode adoptée par les protagonistes pour avoir gain de cause qui fit débat. Les deux joueurs avaient simplement refusé de se présenter à la reprise de l’entraînement de leur club. Contrat revalorisé pour Gomis, départ acquis pour Camara, le clash avait porté ses fruits, de telle manière que lors de cette intersaison d’autres joueurs ont décidé d’emprunter la même démarche.



Briand, Koné, Sessegnon, trois cas d’école

Depuis son lieu de vacances, le milieu de terrain du Mans Stéphane Sessegnon convoité par le PSG, a annoncé la couleur : « Je suis prêt à tout pour partir. J’ai fait un choix et le président Legarda doit le comprendre. Ce serait bien de trouver une solution avant la reprise, le 26 juin. »

Déçu de la position de ses dirigeants qui s’opposent à son départ au PSG, l’attaquant Rennais Jimmy Briand a décidé de sécher le stage de son équipe à Carnac.

Même son de cloche pour Baky Koné l’attaquant niçois, à une exception près. Les dirigeants du Gym sont prêts à le céder à l’OM, mais au prix fort (12 millions €). Pour faire entendre sa voix, l’international ivoirien qui avait repris l’entraînement avec son équipe a décidé de ne pas participer au stage de Vichy qui a débuté lundi.

En plus du fait que tous ces joueurs aspirent à la liberté, ils ont un point commun : celui d’être contractuellement liés avec leurs clubs respectifs jusqu’en 2010. On ne peut empêcher à un footballeur d’envisager donner de l’élan à sa carrière en rejoignant un club qui lui semble plus en conformité avec ses désirs, mais encore faudrait-il que son club employeur ne soit pas lésé.



Le silence équivoque de la LFP

Le contrat à durée déterminée qui régit juridiquement la collaboration entre les footballeurs et leurs employeurs doit-il être remis en cause ? C’est inimaginable, car ni les joueurs ni les clubs n’y trouveraient un intérêt. Pire encore, c’est toute l’organisation du football qui en pâtirait.

La vente de joueurs fait partie des ressources principales de tous les clubs professionnels, mais encore faudrait-il qu’il existe un arbitrage de l’organe chargé de l’organisation du football.

En France, la commission juridique de la Ligue nationale se prononce quand elle est saisie comme ce fut le cas dernièrement pour Hatem Ben Arfa dans le conflit OM-OL. La pratique veut qu’elle privilégie la conciliation entre les différentes parties au moment du conflit, mais c’est une position en amont qui permettrait d’éviter les dysfonctionnements. Quelle serait la solution dans le cas de Jimmy Briand par exemple ?

Au regard du dossier Koné, Frédéric Antonetti l’entraîneur de Nice tire la sonnette d’alarme « Les instances devraient intervenir pour que ce genre de choses ne se renouvelle pas. »

Même si le recours au débrayage est une méthode qui porte souvent ses fruits, une attitude moins insurrectionnelle permettrait au joueur de donner l’impression de respecter son club et les clauses de son contrat. Il en tirerait un bénéfice au niveau de la préparation, et donc à être apte pour le club avec lequel il est lié, ou alors celui dans lequel il serait transféré.