21 Avril 2009 : OL : le grand déballage de Claude Puel

Errant seul dans le long couloir reliant le terrain du stade Chaban-Delmas au paddock, Claude Puel a peut-être compris qu’il sera le premier entraîneur à ne pas être sacré champion de France avec l’Olympique Lyonnais depuis que le club de Jean-Michel Aulas domine la Ligue 1. Déjà très critiqué à cause d’un style de jeu peu emballant, mais également à cause de campagnes de recrutement pas vraiment réussies, le coach des Gones se livre enfin.

Interrogé par Lyon Capitale, l’ancien entraîneur du LOSC a accepté de revenir sur tout ce qui a fait l’objet de critiques acerbes des médias. Premier point visé : un style de jeu défensif décrié qui rend l’OL moins séduisant que les années précédentes. Accusé d’avoir importé le système qu’il avait en place avec une équipe plus modeste (Lille), Puel se voit souvent reprocher un manque d’ambition dans le jeu, ce qui s’illustre par un Karim Benzema isolé et incapable de porter le danger sur le but adverse. Comme réponse, Puel se réfugie derrière le syndrome du cliché. « On met une étiquette sur les gens et puis on les maintient dans cette catégorie. À un moment donné, je ne vais pas constamment expliquer ce qu’on essaye de mettre en place. (…) L’idéal pour un entraîneur, c’est d’avoir la meilleure attaque et la meilleure défense. Il faut faire attention aux clichés. »



Des critiques refoulées en bloc

Balayant d’un revers de main cette première critique, le technicien lyonnais s’attaque maintenant au mercato. Et plus précisément à celui de janvier dernier marqué par le cas Fred. Si le mercato estival 2008 ne peut être imputé à Puel étant donné que la majorité du recrutement avait été fait alors que ce dernier n’était pas encore arrivé dans le Rhône, l’ex-Monégasque explique pourquoi l’OL est resté muet en janvier. Alors que les blessures s’accumulaient et que Fred était plus que jamais sur le départ, beaucoup s’attendaient à ce que les septuples champions de France recrutent afin de ne pas se retrouver démunis avant d’aborder la Ligue des Champions et la fin du championnat.

Mais comme lorsqu’il a évoqué le transfert manqué de Diego Milito, Puel indique la trop grande versatilité de son ancien attaquant a joué des tours à la cellule de recrutement qui n’a pu avancer sur certaines pistes étrangères. « Pourquoi considérer qu’il puisse y avoir des erreurs par rapport au cas Fred ? C’est un joueur très changeant. Un coup il voulait rester, un coup il voulait partir et un autre coup, il ne voulait plus s’entraîner. Ça a toujours été un joueur particulier même s’il était très apprécié au sein du groupe. (…) Cela nous a empêchés de pouvoir étudier des pistes étrangères par rapport au nombre de joueurs hors communautaire. C’est vrai que le cas de Fred nous a handicapés pour le mercato d’hiver. »



Un OL trop gavé de titres ?

Enfin, Puel joue au visionnaire. Relégué à la troisième place du classement de ligue 1, ce dernier avoue qu’à Lyon le titre national est devenu une telle banalité qu’il est désormais peut-être difficile pour les Lyonnais de trouver la motivation pour en remporter un nouveau. De quoi laisser envisager l’abandon du titre ? « Bientôt le titre va devenir quantité négligeable. Les gens se sont vite habitués, vite blasés. Il faut faire attention de rester toujours humble, il y a toujours une remise en cause. (…) Les autres équipes du championnat ne font plus de cadeaux à l’OL. L’adversité est devenue beaucoup plus présente. Et même les équipes de deuxième partie de tableau viennent à Lyon pour faire un résultat. »

En attendant de voir si les présages de Puel se réaliseront, l’entraîneur des Gones n’en aura pas fini avec les explications à donner si l’Ol perd son titre. Pire, si Lyon ne finit pas dans les trois premiers. S’il reste à savoir si de tels propos vont aider à mieux comprendre le personnage et ses projets dans le Rhône, nul doute que Puel sera plus qu’attendu la saison prochaine. Sauf si l’Ol réussit l’exploit de remporter un huitième sacre consécutif.