23 Avril 2007 : L'Olympique lyonnais a-t-il encore les forces et les convictions de son succès ?

L’équipe de Lyon semble connaître une victoire au goût amer, presque sans prestige, après cette trente troisième journée qui a vue son couronnement pour la sixième fois d’affilée en tant que champion de France de ligue 1, alors qu’elle réalise une performance jamais connue à l’échelle des clubs de football européen. Ce comportement parait symptomatique et révélateur d’un dysfonctionnement qui pourrait s’avérer fatal pour la pérennisation des victoires du club, et les supporters ne s’y trompent pas en accueillant sans éclat ce dernier triomphe.

L’O.L a pourtant surclassé l’ensemble de ses adversaires français dans le cadre de la première partie du championnat français 2006/2007, ne laissant que peu de place au doute d’un sixième trophée remporté, et s’est présenté comme l’un des favoris de la champion’s league a l’issue des matchs de poules. Les résultats du début d’année laissaient ouverts tous les espoirs.

Néanmoins la rentrée hivernale a été moins propice au club rhodanien. Cette sixième saison pourrait être la dernière d’un groupe dont les méandres européens auront eu raison. En effet, l’ambition lyonnaise de connaître pour la première fois de son histoire un titre européen prévalait sur toutes les ambitions affichées du club pour l’année qui vient de s’écouler, tant pour le staff que pour les joueurs. L’ensemble du groupe lyonnais ne semble pas avoir su négocier le tournant du milieu d’année, et l’équipe s’est faite éliminer sans panache dès les huitièmes de finale de la champion’s league. La confiance de l’équipe avait déjà été sévèrement entamée dès le retour de la trêve hivernale, à l’image de leur meneur de jeu qui n’a plu été en réussite en position de tireur de coup franc, et une série de mauvais résultats en championnat difficilement contrôlée. L’incertitude a fait éclater en morceau l’illusion de « bon » groupe qui entourait et maintenait l’équipe. Au final, la motivation intrinsèque des joueurs parait avoir été liée aux dépens d’un parcours glorieux en compétition européenne, et leur motivation n’a pas su résister face à cet échec et à la préparation inhérente à cette compétition. Et c’est avec amertume que le club finit sa saison, n’emportant dans sa besace qu’une maigre compensation au regard des espoirs de ce début d’année.

Cette victoire finale ne reflète pas de plaisir éprouvé par les sportifs, ni la satisfaction d’une saison réussie. De fait, les joueurs n’ont pu atteindre l’idéal qu’ils s’étaient fixés. Ils semblent avoir été touchés dans leur estime propre, les difficultés de reprise de saison et la défaite en campagne européenne réactivant les enjeux narcissiques les plus primordiaux. L’ambiance du club ne parait pas avoir été épargné de cette élimination, et le jeu de l’équipe reflète des discordes internes qui laisseront certainement des traces dans l’effectif du club.

La question maintenant est de savoir si le groupe lyonnais est arrivé au bout des espoirs individuels des joueurs. Il est possible que l’idéal non atteint signe la fin d’un groupe grisé par les victoires en ligue 1, et qui n’arrive pas à s’élever au niveau européen. Les fondements mêmes de ce qui a fait la force de l’O.L pendant ces années n’ont peut être plus été respectés, le club se laissant dépasser par des enjeux qui ne sont pas les siens. La victoire sans le triomphe, et l’élimination prématurée en coupe d’Europe laisse un club champion avec un staff aux abois, qui devra certainement trouver des ressources dans une nouvelle génération de joueurs pour pouvoir atteindre un septième succès.