31 Octobre 2007 : L'OM dans une impasse

Ouf ! Marseille a enfin gagné. Hormis la victoire face à Lens d’il y a dix jours, il fallait remonter au début du mois d’octobre et le déplacement périlleux à Anfield Road pour voir les hommes d’Éric Gerets s’imposer. Tel est le paradoxe d’une équipe aux deux visages. Tantôt Docteur Jekill, tantôt Mister Hide.
Hier soir face à Metz, Marseille a, par moment, sombré, par moment flanché. Mais l’OM n’a finalement pas coulé. Faut-il y voir pour autant les signes avant-coureurs d’une rémission ? Malgré cette qualification en coupe de la ligue, malgré ce billet pour un "historique" quart de finale (l’OM n’y avait plus participé depuis cinq ans), malgré le retour de Cissé, Marseille inquiète.

Plus que des rugissements, ce sont des ronflements qui ont animés les travées du stade Vélodrome. Que cette soirée fut soporifique ! Devant un tel spectacle, difficile de rester éveillé. Même les plus fidèles des supporters marseillais ont dû piquer du nez entre une passe manquée et une occasion copieusement vendangée. Surtout que les vingt-deux acteurs ont semblé trouver un plaisir sadique à nous envoyer en prolongation, comme pour prolonger la souffrance. Au final, plus de deux heures et demie d’un carnage où certains spectateurs se sentaient prêts à enfiler la célèbre tunique pour descendre botter les fesses à ces marionnettes pourvues de pieds carrés.
D’approximations techniques en passes trop téléphonées en passant par des incohérences collectives, l’Olympique de Marseille a touché le fond. Il a même décroché le pompon. Celui de la prestation la plus navrante de ces huitièmes de finale. En attendant mieux ce soir. La question brûle les lèvres. Comment cette équipe est capable de malmener avec une telle indécence les Reds de Liverpool, qui plus est à Anfield Road, et se ridiculiser dans de sombres parties de baballe face à un adversaire aussi peu reluisant que le FC Metz. Incompréhensible. Au Vélodrome, hier soir, on a finalement revécu le résumé de ces trois premiers mois de championnat, de ce sabordage dans les règles de l’art. On a assisté, impuissant, à ce naufrage collectif sans pouvoir trouver de solution. Car, si l’OM est un patient malade, personne ne semble détecter de quel mal il souffre.

Gerets/Emon : même combat !

De l’extérieur, les coéquipiers de Lorik Cana donnent une nouvelle fois l’impression de jouer chacun dans leur coin. Pas ou peu de mouvement. Pas ou peu de solutions. Trop souvent le porteur du ballon s’est retrouvé esseulé au milieu d’une timide défense messine. Trop souvent, il s’est excentré, il a reculé. Trop souvent, Marseille a joué à l’envers.
Les reproches et les critiques qu’avait essuyées Albert Emon, quelques mois plus tôt, reviennent au galop. Joueurs statiques, aucun mouvement et aucune solution offensive, défense fébrile, manque de lien, de cohésion. On pensait Éric Gerets à la hauteur de la tâche immense qui l’attendait. On le retrouve empêtré dans le même casse-tête que son prédécesseur. Mais, le technicien belge ne se veut pas alarmiste pour autant : « Je retiendrai de cette rencontre que l’on a essayé de jouer au football. Lorsque l’on a joué à une touche de balle, j’ai vu des choses intéressantes qu’il faudra approfondir ».
Des choses intéressantes, certes il y en a eu. Pas la peine de noircir un peu plus le tableau déjà bien sombre. Le retour de Samir Nasri, le but tant attendu de Djibril Cissé, la rentrée efficace de Valbuena, la bonne forme du capitaine Lorik Cana. Tous ces éléments sont autant de satisfactions encourageantes pour la suite d’une saison aux allures de parcours du combattant. Mais, suffisent-ils à remettre l’OM sur de bons rails ? Car à jouer chacun pour soi, à être en forme chacun à son tour, Marseille peut difficilement prétendre à de la stabilité.

Inutile de remettre en question le recrutement, les qualités intrinsèques des joueurs, le caractère fort des leaders. Il est évident que, pris individuellement, les Marseillais ont certainement un des meilleurs effectifs du championnat. Comme tous les observateurs aimaient à se le rabâcher à longueur d’article cet été. Ne serait-ce pas le collectif, finalement, le véritable talon d’Achille olympien ? Il ne faudrait pas confondre la somme et la synergie de grosses individualités. Si à Marseille, un plus un font toujours deux, il faudrait que cela fasse trois. Comme les trois points d’une victoire trop peu savourée.