20 Janvier 2009 : Quel PSG après la crise ?

Le PSG n’a pas pu s’en empêcher. Après avoir évité la crise de novembre, Paris s’offre un règlement de compte en haut lieu en plein mois de janvier. En écrivant sa lettre aux membres du conseil d’administration parisien, Charles Villeneuve ne s’attendait pas à provoquer un tel vacarme et surtout sa mise à l’écart. Voilà désormais le PSG embourbé dans une situation qui n’avait pas lieu d’être, du moins pas si vite, et qui va perturber ce qui semblait être la saison du rachat et du renouveau.

Car, pour les joueurs, il n’est jamais facile d’ignorer les évènements qui se déroulent à la tête du club. D’autant plus que certains d’entre eux avaient tissé des liens d’amitié avec le président Villeneuve, comme Ludovic Giuly. « Il fait du bon boulot, son discours est cohérent et, quand il a fallu être présent, il a toujours été là. Il dit simplement vouloir des moyens pour faire quelque chose de grand à Paris. C’est normal, il a entièrement raison, et je reste plus que jamais un pro-Villeneuve ». Ce soutien sans faille, et appréciable lorsqu’on se rappelle les clubs qu’a connus le milieu droit, certains de ses coéquipiers le partagent. D’autres voient cela comme un soulagement, ou du moins restent impassibles devant la prochaine mise à la porte de ce président si particulier.

Particulier en effet. Raillé à son arrivée au club parisien pour sa méconnaissance du football, Charles Villeneuve a vite fait oublier ses lacunes par la qualité de ses réseaux. Avec Arsène Wenger en conseiller sportif, l’ancien patron des sports de TF1 dispose de conseils précieux et peut s’appuyer sur les recommandations de l’un des entraîneurs les plus courtisés au monde. Depuis son entrée en fonction, son envie de prendre du galon et de transformer Paris s’est toujours ressentie. « Il faut plus d’organisation, plus de discipline, plus de grands joueurs », déclarait-il le 2 décembre dernier. Une sortie qui dessinait déjà les contours de la fameuse lettre.



Villeneuve, départ temporaire ?

Sur le fond, il est difficile de donner tort à Villeneuve. Mais les quelques mois passés à la tête du PSG ne peuvent lui fournir une crédibilité à toute épreuve et un soutien sans faille des actionnaires, surtout lorsque sa nomination n’a pas été bien vécue par tous. Tout comme le soutien supposé des supporters parisiens à son égard est loin d’être une évidence. En voulant surfer sur le succès du PSG, qu’il assimile au sien, Villeneuve s’est mis le doigt dans l’oeil. Comment l’actionnaire pouvait réagir autrement que par une mise à l’écart après avoir reçu une telle missive ?

Colony Capital laisse toujours le flou autour de ses intentions pour le PSG. Aucune injection de liquidités depuis son arrivée sur le marché des transferts, des comptes toujours pas à l’équilibre, et trois présidents usés, deux saisons difficiles sur le plan sportif, le bilan n’est franchement pas bon. En écartant Villeneuve, Colony Capital réagit sainement, mais se pousse sur le devant de la scène. Sébastien Bazin risque de prendre les rênes du club et afficher au grand jour des ambitions moindres que celles proclamées par Villeneuve. Qui pourrait récupérer son trône, muni d’un investisseur miracle déniché au Golf. Absurde ? Villeneuve a été vu plusieurs fois avec Bertrand Delanöe, le maire de Paris. Peut-être pour le convaincre de la nécessité de faire appel aux pays du golfe Persique en ces temps de crise...

Toujours est-il que le conflit larvé entre Colony Capital et Charles Villeneuve ne fait que débuter. Et les conséquences sur le plan sportif devraient être plus importantes que prévu. Venu dans l’espoir de réaliser un certain profit, Colony Capital va-t-il profiter du dernier recrutement parisien pour vendre à prix fort les meilleurs éléments et faire de Paris un club rentable plus que performant ? Tel n’était pas le but d’un Charles Villeneuve, avide de renouveler l’expérience à la tête du club avec des investisseurs cette fois-ci prêts à sortir leurs chéquiers.

En tout cas, il reste président pour encore quinze jours, soit jusqu’à la fin du mercato hivernal. Un mercato qui pourrait donc s’achever sans aucune nouvelle recrue, ce qui ne déplairait pas à Le Guen. Dans les conditions actuelles, il est clair que le rayon transferts n’est clairement pas d’actualité. Sauf dans la colonne dirigeants.